27 mars au 18 avril 2014
Les Togean, une autre
destination réputée pour la plongée en Indonésie. Ici aussi, il
faut du temps et de la patience pour y aller. Les voyageurs qui
n'ont qu'un visa d'un mois en Indonésie n'ont pas suffisamment de
temps pour s'y rendre car il faut 2 à 3 jours à l'aller (si vous
êtes chanceux avec les horaires de bateau) et autant pour le retour.
Cela fait donc des Togean une destination non envahie par le tourisme
malgré les beautés des îles. On y rencontre plutôt des voyageurs
au long cours qui y séjournent en général plusieurs jours, voire
plusieurs semaines. Pour notre part, nous y serons trois semaines.
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Les traversiers des Togean |
L'archipel est constitué
de six îles principales, chacune offrant aux voyageurs une ou deux
«guest house». Le logement est simple mais en général
confortable : petite cabane en bambou ou en bois sur le bord de
la plage et le prix inclut trois repas par jour car ici, point de
restaurant aux alentours, pas de wi-fi, pas de réception cellulaire,
juste la mer et la jungle. Des «ferry» qui semblent dater d'un
autre siècle et de petites barques de pêcheurs qu'on peut noliser
assurent le transport des passagers et de la marchandise entre les
îles.
Partout l'accueil des
locaux est chaleureux et une belle «chimie» s'opère entre les
voyageurs qui partagent les repas et les sorties de snorkeling. Le
menu varie peu d'un endroit à l'autre sauf pour le matin, œufs,
crêpes ou petits gâteaux. Par contre, sauf exception,
midi et soir, le poisson est au menu. Bien apprêté en général et
accompagné de légumes et de riz, on s'en accommode bien.
Exceptionnellement, du poulet ou des pâtes seront les bienvenus pour
varier le menu. Chaque île et «guest house» sont différents et
ont leur charme particulier.
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Les maisons sur pilotis et le long pont de bois (800m) du village de pêcheurs de Pulau Papan |
À Malenge, chez Lestari,
le snorkeling est bien mais l'intérêt réside dans la petite île
qui lui fait face, Pulau Papan qui en fait est plutôt un
regroupement de maisons sur pilotis des pêcheurs «bajau» protégés
par un îlot rocailleux. Les «Bajau» étaient des nomades de la mer
reconnus pour plonger à des profondeurs importantes pour pêcher
poissons et mollusques. Pendant des centaines, peut-être des
milliers d'années, les Bajau ont pêché et voyagé sur la mer en
famille, vivant sur leur barque et ne débarquant à terre que pour
faire sécher leur poisson et enterrer leurs morts. Aujourd'hui
sédentarisés par le gouvernement, on les retrouve habitant ces
maisons sur pilotis mais toujours dédiés à la pêche et conservant
leur tradition nomade. Ainsi, les nouveaux mariés sont embarqués
sur un bateau et poussés vers la mer pour se faire une place dans le
monde et les pères bajau plongent avec leurs nouveaux nés à l'âge
de 3 jours pour les présenter au monde marin. Fait cocasse, un pont
de bois de plus de 800 m avait été construit par une ONG pour
relier Pulau Papan à Malenge pour permettre aux enfants d'aller à
l'école à pied. Aujourd'hui, le pont est brisé à quelques
endroits et, probablement par manque d'argent, il n'a pas été
réparé. On voit ainsi des gens marcher sur le pont et se jeter à
l'eau, nageant entre les sections brisées. Quant aux écoliers, un
bateau les attend là où c'est brisé et les transporte jusqu'à la
prochaine section en bon état...
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Au Lac des méduses, des milliers de méduses inoffensives |
Prochaine étape, Katupat
au «guest house» Fadilah tenu par une famille super sympathique.
Nous avions rencontré le proprio sur le bateau qui nous avait
traversés depuis Ampana et juste à voir comment il s'amusait à
jouer aux cartes avec ses copains assis par terre avec les enfants
tournant autour, cela en disait long sur la joie de vivre de cette
famille! À table, même convivialité entre les touristes :
allemands, finlandais, britanniques, australiens, canadiens
fraternisent, échangent des informations et préparent la prochaine
sortie de snorkeling. À ce chapitre, ici aussi nous avons pu
explorer de beaux récifs colorés et découvrir de nouveaux
poissons! Le plus exceptionnel demeure toutefois le «Lac aux
méduses». Il s'agit d'un lac d'eau saumâtre séparé de l'océan
juste par une bande de roc, un lac donc qui abrite une quantité
phénoménale de méduses! Et encore plus exceptionnel, ces méduses
ne sont pas pourvues de ces fameux filaments qui vous brûlent la peau
de sorte qu'on peut, tout à notre aise, nager au milieu de ces
centaines, voire milliers de méduses! Du jamais vu! Comme elles
n'ont pas de prédateur dans ce lac où elles se sont réfugiées,
elles se reproduisent à qui mieux mieux!
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Notre bungalow sur Kadidiri |
Sur Kadidiri,
exceptionnellement trois «guest house» se succèdent sur la plage.
Nous profiterons bien de Black Marlin, cette plus luxueuse «guest
house» avec murs de béton, mobilier et literie plus modernes mais
on s'apercevra finalement que la chaleur qui réchauffe les murs de
brique durant le jour peuvent rendre les nuits suffocantes sous le
filet anti-moustique! Ah, le moderne, ce n'est pas toujours ce qu'il
y a de mieux! Depuis que nous étions en Indonésie, nous n'avions vu
qu'une mer calme mais voilà que pendant 3 jours, le vent souffle, la
mer se gonfle et tous les transports inter-îles sont suspendus. On
nous avait prévenus... il faut se garder de la marge de manœuvre
dans nos déplacements, les bateaux peuvent être annulés pendant
plusieurs jours. Ceux qui devaient absolument partir ont dû payer le
fort prix pour noliser des bateaux pourvus de gros moteurs et on
imagine bien que la traversée n'a pas dû être de tout repos!
Enfin, dernière étape
de notre séjour aux Togean, le «guest house» Poya Lisa sur l'île
de Batu Daka face au petit village de Bomba. Une petite île privée,
une plage côté mer et une autre côté village. Une dizaine de
huttes en bois confortables en bord de plage ou un peu plus haut sur
l'étroite falaise et de là admirer les couchers de soleil à l'ouest et le lever de lune à l'est tout en profitant de la brise marine rafraichissante; ce fut dans ces dernières que
nous élimes domicile pour notre dernière semaine aux Togean. Ici
encore, accueil chaleureux et belle ambiance entre les voyageurs.
L'endroit était réputé, à juste titre, et certains y passaient
plusieurs jours et même plus d'un mois! Nous y avons fait de
superbes sorties en snorkeling sur des récifs en pleine mer qu'on
atteignait en 30 ou 45 minutes de bateau.
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Lucie fête son anniversaire à Poya Lisa, aux îles Togean |
C'est aussi à Poya Lisa
que Lucie fêta son 59e anniversaire. Une très belle journée! Comme
par hasard, plusieurs touristes quittaient cette journée-là de
sorte que nous étions les seuls à être disponibles pour aller
faire du snorkeling. C'est donc en amoureux, avec un lunch pour le
midi, notre pêcheur et son petit bateau à balancier que nous sommes partis
faire du snorkeling sur un atoll au large. On ne pouvait demander
mieux... mais si! À notre retour, un pêcheur se présente avec cinq
belles langoustes à vendre... pas besoin de vous dire qu'elles ont
trouvé preneur et que le souper d'anniversaire fut mémorable
d'autant plus que Poya Lisa avait préparé un joli gâteau
d'anniversaire que tous ont pu savourer (ce qui est exceptionnel car
un menu indonésien ne prévoit pas de dessert).
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Lisa et Poya, les deux chattes du «guest house» vont accoucher bientôt |
Enfin, autre
particularité de Poya Lisa et tous les voyageurs rencontrés nous en
avaient parlé, les deux chattes du «guest house» sont enceintes et
la mise bas est imminente! Effectivement les deux chattes sont très
grosses et tous espèrent bien pouvoir voir les petits chatons! L'une
s'appelle Poya et l'autre Lisa et c'est Lisa qui semble la plus près «d'accoucher». C'est la seconde fois que Lisa est enceinte mais la
première fois les bébés n'ont pas survécu car elle ne produisait
pas de lait, on croise donc les doigts... Le comportement de Lisa est
typique d'une chatte qui va mettre bas, elle se nettoie les tétines
et elle suit tous les touristes jusque dans leur hutte semblant
chercher le meilleur endroit pour recevoir ses chatons. Nous lui montrons sous
la table dans notre hutte une couverture qui ferait un petit nid bien
confortable pour elle et ses petits. Elle semble préférer notre lit
y grimpant sitôt que nous avons le dos tourné mais Réal la remet
sur la couverture lui faisant comprendre que le lit, c'est notre nid
à nous et que son nid à elle c'est la couverture...
Voilà que deux jours
plus tard, Lisa nous suit à notre bungalow à notre retour de
snorkeling; elle retourne sentir la couverture, tourne en rond et s'y
installe finalement. Nous nous préparons pour la douche, nous ne
voulons pas qu'elle grimpe sur notre lit en notre absence d'autant
plus que nous remarquons qu'elle semble avoir des pertes...
la mise bas approche semble-t-il... Nous la faisons sortir sur la
galerie donc, le temps de la douche, mais voilà qu'elle se met à
miauler sans arrêt, réclamant de façon insistante l'endroit
qu'elle avait choisi pour mettre bas. On ne peut tout de même pas
laisser dehors une mère sur le point d'accoucher, on lui ouvre donc
la porte et elle va s'étendre aussitôt sur sa couverture; tout semble sous contrôle, nous allons donc à la douche. À notre
retour, il n'y a pas de doute, elle va mettre bas bientôt, elle
souffle fort et a des contractions.
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Un premier chaton... |
Au diable le lunch, il ne faut
pas manquer ça, on s'installe par terre appareil photo en main pour
assister à la mise bas. Un premier chaton sort tranquillement,
elle se met aussitôt à le lécher pour le laver, elle coupe le
cordon et elle avale le placenta. Quinze minutes plus tard, un second
chaton se présente, même manège nettoyage en règle, cordon et
placenta. Finalement, elle aura 5 chatons, deux de couleur
jaune tigré comme la mère et trois noirauds comme leur père. Sur
les cinq, un seul est pourvu d'une longue queue comme le père, les
autres ayant la queue courte comme la majorité des chats asiatiques.
Tous les chatons sont de même grosseur et semblent vigoureux et,
bonne nouvelle, le lait coule pour le plus grand bonheur des chatons
qui n'ont pas mis longtemps à trouver les tétines! Lisa lèche
inlassablement ses petits pour les nettoyer telle une bonne mère.
Après un bon moment, elle s'étend de tout son long pour se reposer
enfin et laisser les chatons téter tout leur saoul! Bravo Lisa!
Évidemment, nous avions répandu la bonne nouvelle dans le «guest
house» dès l'arrivée du premier bébé de sorte que notre chambre
fut bientôt remplie de gens venus assister à la mise bas!
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Repos bien mérité pour maman Lisa |
La nuit fut calme, les
chatons bien rassasiés ont dormi bien sagement et Lisa a accompagné
Réal pour un pipi durant la nuit... Le lendemain, la famille de Poya
Lisa nous avait dit qu'elle récupérerait les chatons pour les
amener au village. On déménage donc toute la famille mais voilà
que sitôt les chatons arrivés à la salle à dîner, Lisa miaule,
elle est furieuse et elle s'empare d'un chaton par le cou pour le ramener
à notre bungalow. Finalement, on conviendra de garder la petite
famille chez nous jusqu'à notre départ, le surlendemain. C'est donc
avec grand plaisir que nous avons cohabité avec la famille de Lisa
passant beaucoup de temps à admirer et à photographier ces petites
boules de poil déjà pleines de vie! Le miracle de la vie venait une
nouvelle fois d'opérer! C'est un peu à regret que nous avons donc
quitté Poya Lisa, on aurait bien aimé voir courir et s'amuser ces
chatons mais voilà, il nous faut retourner sur Bali, notre vol vers
Munich nous attend dans quelques jours.
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Réal, parrain d'une portée de cinq chatons |
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Famille des Togean qui pose pour Réal |
C'est donc ainsi que se
termine notre séjour de 7 mois en Asie : Indonésie, Sri Lanka,
Thaïlande et Malaisie, plusieurs kilomètres et 24 vols d'avion plus tard. Nous rentrons en Europe heureux et des
souvenirs pleins la tête. Nos appareils photos et vidéos débordent
de belles images de lieux et de gens rencontrés. Partout, l'accueil
fut chaleureux! Que c'est agréable de voyager dans des pays où les
gens sourient et semblent heureux malgré leur peu de richesse. En
Asie, pas besoin de se cacher pour prendre des photos, petits et
grands nous en réclament et sont toujours très fiers de poser pour
nous. Merci l'Asie et au plaisir de se revoir!